Comment expliquer et accueillir ce que nos enfants ressentent en cette période de crise
C’est quoi une émotion ?
A quoi cela ressemble et comment je peux les reconnaitre en moi ?
Qu’est ce qui m’arrive, qu’est ce qui se passe en moi, qu’elle est ma météo intérieure ?
Joie, tristesse, colère … Je suis comme le temps dehors … Parfois c’est la pluie comme les larmes qui expriment la tristesse qui me traverse ….
Parfois c’est l’orage, tout comme ma colère que j’exprime aussi fortement que l’éclair et le tonnerre dans le ciel …
Et puis très souvent il y a le soleil dans un grand ciel bleu … Tout comme moi quand je sautille et gambade de joie …
Certains jours je me sens l’Ours Grognon ou bien un énorme Lion Rugissant …. Et puis d’autres jours un petit lutin farceur …
Les émotions traversent la vie de l’enfant comme celui de l’adulte, par contre à l’inverse de l’adulte, il a encore la capacité de les exprimer dans l’instant, même si le monde environnant va se charger de lui apprendre que ce n’est pas bien de les manifester et qu’elles sont vraiment dérangeantes … C’est une erreur, il est important d’accueillir les émotions quelles qu’elles soient.
Alors comment pouvons-nous aider nos enfants à reconnaitre les émotions qu’ils traversent ?
Tout d’abord apprenons-leur à observer ces états qui les traversent afin de pouvoir mettre des mots, des images sur ce qui se passe en eux.
La maîtrise des émotions ne peut passer avant d’apprendre à les reconnaître, pas seulement intellectuellement mais toute la palette de nuance sensorielle : je vis l’émotion, je l’expérimente, je la représente… Je la sens, je l’entends, je la vois …
Dans la représentation que j’ai de l’émotion qui me traverse, je peux la reconnaître et la maitriser car elle va faire partie de mon connu, comme une amie qui a un message à me transmettre… A transmettre à mon environnement…
Comme un signe que quelque chose ne va pas ou me manque ou au contraire que je suis en pleine forme…
Les propositions qui vont suivre sont là pour amener une autre vision de comment il est possible d’expérimenter ses émotions de manière constructive pour amener le besoin qui va avec.
LE MASQUE DES EMOTIONS
Après avoir exploré le sensoriel, nous abordons le monde des émotions, les pratiques suivantes vont permettre à l’enfant d’observer celles qui les traversent, les canaliser sans les refouler.
MATERIEL A PREVOIR : papier cartonné sur lequel est dessiné un visage neutre. Différents matériaux et papiers coloriés de différentes textures, catalogues, revues…
1ère Partie :
Avant de démarrer la pratique, prendre le temps de dessiner sur chaque papier cartonné un visage neutre (comme celui des masques blancs), prévoir 5 modèles par enfants représentant chacune des émotions.
Demandons aux enfants d’exprimer qu’est ce que c’est pour eux une émotion et quelles sont les émotions qu’ils connaissent : joie, peur, tristesse, colère, surprise
Quelle est l’émotion qu’ils vivent le plus souvent et pourquoi ?
Demandons ensuite aux enfants de se souvenir d’un évènement où ils étaient tristes, qu’est ce qui s’est passé etc.…
Demandons leur d’exprimer cette tristesse sur leur visage, à quoi ressemble un visage lorsqu’il est triste et comment cela s’exprime par le corps quand il est triste …
Lorsqu’ils ont retrouvé dans leur corps et leur visage l’expression de tristesse, leur demander d’aller coller sur un modèle de visage tout ce qui va représenter leur tristesse : formes, couleurs, matériaux, images etc.… Les inviter à reprendre les mêmes mimiques que durant l’expérimentation…
Les enfants préparent ainsi leur masque de tristesse : leur demander s’ils connaissent un personnage symbolisant la tristesse pour eux : ce peut être un clown triste ou un Pierrot ou alors un monstres, un personnage de jeu vidéo, leur laisser le libre choix de cette représentation…
Ensuite leur demander de découper les contours afin d’en faire un vrai masque et agrafer de chaque côté une ficelle, un fin élastique ou un ruban afin que chaque enfant puisse mettre ce masque sur leur visage.
2ème Partie :
Inviter les enfants à créer une danse ou exprimer dans les mouvements le masque de tristesse.
3ème Partie :
Permettre aux enfants de se retrouver en cercle (s’il s’agit d’un groupe) ou de se poser ou allongé là où il sent bien dans l’environnement (s’il est seul)
Demander aux enfants de quoi ils ont besoin pour ne plus se sentir triste : besoin d’un câlin, d’histoires drôles, de tendresse, d’être réconforté etc.… et tour à tour le groupe ou le parent se donne mutuellement ce dont il a besoin pour ne plus être triste … Jusqu’à ce que la tristesse se soit envolée.
Si l’enfant est seul, lui apporter ce dont il a besoin ou l’encourager à exprimer son besoin auprès de vous.
Lorsque la tristesse s’est transformée, l’enfant quitte son masque de tristesse et nous pouvons lui demander d’inventer une danse de libération pendant quelques minutes…
POUR LA JOIE
Reprendre tout le processus avec l’émotion de Joie sauf qu’à la fin poser la question suivante : de quoi j’ai besoin pour rester toujours joyeux
POUR LA COLERE
Reprendre tout le processus avec l’émotion de colère comme pour la tristesse.
POUR LA PEUR
Reprendre tout le processus avec l’émotion de peur comme pour la tristesse.
POUR LA SURPRISE
Reprendre tout le processus avec l’émotion de Surprise sauf qu’à la fin poser la question suivante : De quoi j’ai besoin faire jaillir ma surprise, sachant que la surprise peut aussi être associée à une autre émotion, tout dépendra de ce qui se cache derrière la surprise.
4ème Partie :
Lorsque les enfants ont exploré ces émotions, leur demander laquelle leur plaît le plus et leur faire inventer toute une danse de cette émotion en portant le masque confectionné par leur soin à cet effet.
Les inviter lorsqu’ils sont chez eux et qu’une émotion les traverse, de porter le masque correspondant pour montrer à leu entourage qu’ils vivent cette émotion.
Leur demander d’exprimer le besoin afin de changer d’émotion pour revenir à celle de la joie.
Cette pratique peut se vivre sur plusieurs sessions, pour cela l’expérimentation des émotions se fait par duo : une émotion limitante en premier suivie d’une émotion de joie.
Elle peut aussi être vécue que pour une seule émotion, celle qui perturbe l’enfant à ce moment là, par contre la vivre en son intégralité jusqu’à la transformation intérieure.
Anne Sophie Gobillon
Sophrologue – Thérapie Comportementale
PNL Humaniste – TCA – Psychotraumatologie
Et si on jouait à …Patricia Vidili-Kaluzny